Zaïre : le drame imminent



La frontière qui sépare le Zaïre du Rwanda et du Burundi n'est plus désormais qu'une immense zone de désordre et de conflit. Cette longue bande de 300 km est maintenant le lieu ou s'entrecroisent de façon dramatique exode massif, attaques armées, épidémies, pillages et massacres. Explications d'une tragédie, où le pire pourrait encore être à venir.

Dans cette partie Est du Zaïre vivent depuis plus d'un siècle des zaïrois tutsis d'origine rwandaise, les banyamulenge. Se sentant appartenir au Zaïre, ils reprochent au gouvernement de Kinshasa de ne pas les considérer comme de vrais zaïrois et dénoncent des mesures politiques discriminatoires à leur égard. Depuis septembre dernier, ils sont entrés en conflit avec l'armée zaïroise et sont considérés comme des "rebelles".

Dans cette même région du Zaïre, sont installés de nombreux camps de réfugiés rwandais, que la guerre civile a fait fuir en 1994 de leur Rwanda natal. Ils sont essentiellement hutus. A l'issue du conflit, nombre d'entre eux n'ont pas osé rentrer au pays, par peur des représailles du nouveau gouvernement de Kigali. En effet, le Rwanda, bien que composé à 90% de hutus, est dirigé depuis la fin de la guerre par un gouvernement tutsi, dont la politique de réconciliation entre tutsis et hutus est suffisamment confuse pour que beaucoup d'expatriés hutus craignent d'être poursuivis à leur retour.

Ces deux situations, apparemment distinctes, sont en passe aujourd'hui de se mêler. Les Banyamulenge, au prise avec l'armée zaïroise, sont en effet aussi "en conflit" avec les réfugiés rwandais des camps de la région. Leur présence massive était vue par les Banyamulenge, comme un moyen de les exclure en partie de cette zone, les repoussant, ainsi, loin de leur revendication initiale : être considérés comme de vrais zaïrois. Ces rebelles, aux yeux de Kinshasa, sont accusés par le gouvernement de recevoir le soutien du Rwanda. Cette hypothèse est crédible. Le Rwanda de son côté répond en affirmant que le Zaïre s'en prend à ses ressortissants.

Depuis quelques jours, les combats ont pris un nouveau tour. Il est probable, comme l'affirment des sources humanitaires, que l'armée rwandaise lance ses propres militaires, majoritairement tutsis comme la nouvelle équipe dirigeante, contre les camps de réfugiés hutus rwandais, stationnés au Zaïre. Kinshasa traite donc Kigali "d'agresseur", ce dont se défend Kigali, qui nie toute intervention. Pour l'instant, pris entre ces feux croisés, les réfugiés rwandais s'enfuient massivement. Certains vont vers l'intérieur du Zaïre, d'autres retournent au Rwanda. Cet exode concernerait déjà plus de 500 000 personnes. La communauté internationale tente de parvenir à une résolution diplomatique de cette nouvelle guerre, enjoignant tout le monde à abandonner les armes. Mais l'inexistence de transparence entre Zaïre et Rwanda ne laisse présager aucun règlement rapide de la situation.

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